Plaidoirie en Faveur de la Libération de Georges Ibrahim ABDALLAH  - Jacques VERGES.

ELISA Roneo

Le 17 Septembre 2007 devant le tribunal d'application des peines de Paris.

 

Les autorités américaines oublient que la sanction pénale et la privation de liberté relevent des prérogatives des seuls Etats responsables et pas de leurs voisins ou alliès. Certes, rien n'interdit formellement à un Etat étranger de souhaiter la sévérité de la part de la justice d'un autre pays, si Dieu vengeur dont il se réclame l'exige. Rien, excepté le savoir-vivre, les bonnes manières internationales, les vieux usages diplomatiques, dont on se semble à Washington ignorer jusqu'à l'existence.

 

Mais après tout, la vulgarité n'est soumise qu'au seul tribunal du mauvais gout. Le gouvernement américain y a sa place réservée. Pour autant, rien ne l'autorise, et ce n'est plus ici une question de civilité, à notifier à la justice française, sur un ton impérieux " sa ferme opposition" à une mesure de liberté éventuelle qu'elle pourrait prononcer.

 

Il y a cette prétention des autorités américaines une ingérence inacceptable et un outrage à la justice française. Est-il besoin de le rappeler, que ce n'est pas à un Etat étranger , se crut-il le maitre du monde, de régenter la justice française ou d'exprimer sa ferme opposition à une décision souveraine qu'elle pourrait rendre en tapant du poing sur le bureau des juges. On regretta donc que la DST, dans un rapport scandaleux, ait cru devoir se faire le relais de exigences du State Department.

 

Les autorités américaines n'ont pas besoin que les services français leur tiennent la main. Elles l'ont bien assez longue comme ca. D'autant qu'elles n'en sont pas, en ce qui concerne Georges Ibrahim Abdallah, à leur coup d'essai. (...)

 

C'est de Georges dont il est question ici, pas des enjeux de la politique étrangère américaine; pour des faits qui datent de 1982, et non de l'après-11-Septembre 2001. C'est pourquoi nous demandons à la justice française de signifier à nos condescendants amis américains que la France n'est pas une fille soumise, en un mot une prostituée.

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Justice, Roneo
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