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La loi ( Lex en latin ou Aut omnia, aut nihil ) du " tout ou rien " désigne la survenue ou l'absence d'un événement élémentaire auquel nous sommes confronté. La philosophie, la science et le droit prêtent différentes propriétés à cet adage.

En premier lieu en neurologie, il s'agit du potentiel électrique d'action se propageant entre axones, corps neuronales et dendrites. Une dépolarisation post-synaptique ( PPSE ) est en général induite par un stimulus chimique dit neurotransmetteur puis, conduite de proche en proche par des pompes à ions au niveau de structures membranaires. On dit que c'est la loi du tout ou rien car il n'existe pas de réponse intermédiaire ; soit l'intensité du stimulus atteint le seuil critique et provoque une réponse, soit le seuil n'est pas atteint et rien ne se passe. Ces propriétés sont citées également dans des travaux en chirurgie cardio-vasculaire¹ pour l'implantation de PeaceMaker et en bactériologie² pour la culture sélectives de colonies. Mais sous d'autres champs d'exploration scientifique, l'absence de quelques choses non mesurable ne signifie le vide absolu.

En second lieu, en cosmologie, le vide apparent de l'espace se compose en réalité de matière noire dont la nature nous reste encore étrangère. Plusieurs doctrines relativistes tentent de décrire se phénomène isolé grâce à l'étude des trous noirs ( Aurelien BARRAU¹) desquels rien n’échappent, pas meme le temps. Dans leur invisibilité, loin de ne rien représenter, temps et gravité ne seraient que des produits secondaires d'interactions nouées autour de la matière noire. Il faut alors admettre que l'espace où il est coutume de dire qu'il n'y a rien, serait en fait, la matière la plus abondante de l'univers et que notre monde visible, qu'une infime fraction de la réalité. Dans cette acception de la loi du tout ou rien, la réalité est composée à 99,9% d'un rien inobservable et à 0,1 % d'un tout fait pour nos sens. Dans un système infiniment grand comme l'univers, la loi du tout ou rien se falsifie par l'inéluctabilité des événements. Comme nous faisons partie de cette univers, ce que nous produisons résulte d'un désordre croissant dans lequel tout se passe comme si rien ne changeait vraiment.

En dernier lieu, en droit penal français, l'art.222-22 CP¹ dispose depuis la loi du 3 Août 2018 renforçant la lutte contre les violences sexuelles et sexistes que " tout acte de pénétration sexuelle, de quelque nature qu'il soit, commis sur la personne d'autrui ou sur la personne de l'auteur par violence, contrainte, menace ou surprise est un viol ". On pourrait croire que le délinquant incriminé est soit coupable des faits parce qu'il a eu une effective penetration soit, il ne l'est pas parce qu'il ne s'est rien passé. Rien d'aussi régoriste pour le législateur de 2018 ; la prise en compte du consentement de la victime est de nature à determiner l'issue d'une audience criminelle. Que le rapport ait été consommé ou non, l’état d'esprit de la plaignante intervient dans le procès fait aux actes. Ce qui est immatérielle est considéré comme plus important que l'acte matériel lui-même. Ainsi, le parquet peut rechercher à travers l'iter criminis, le délit formel d'atteinte sexuelle sur un mineur de 15 ans ( art. 227-25 CP² ) afin d' éviter la relaxe. Une solution aussi performante que controversée par l'opinion publique³ car elle substitue la réalité par la vérité judiciaire. Autrement dit, on tient à éviter que tout se passe comme si rien ne s’était produit. Donc, " rien " est une notion ambivalente qui traduit ce que nous sommes prêt à accepter mais aussi de dicter ce qui n'existe pas. Ainsi, la requalification d'un crime en délit peut être insupportable alors meme qu' elle serait techniquement plus performante. La loi du tout ou rien est aussi un enjeu d'éthique.

Dès l’antiquité, PLATON consacre dans le Livre VII de la République, les conditions d’accès à la connaissance de la vérité et sa difficile transmission. En l'espèce, des hommes sont enchaînés dans une caverne plongés dans le noir depuis leur naissance. Des choses et d'eux-mêmes, ils ne connaissent que les ombres projetées sur les murs de leur caverne par un feu allumé derrière eux. Des sons, ils ne connaissent que les échos. Que l'un d'entre eux soit libéré de ses chaînes et accompagné de force vers la sortie, il sera d'abord cruellement ébloui par la lumière d'un soleil qui lui est inconnu. Il souffrira de toutes les façons possibles de cette rencontre. Son esprit résistera pour ne pas tomber dans la démence et il refusera l'insupportable vérité. Mais " ne voudrait-t-il pas revenir à sa situation antérieure ? " Et s'il persiste, est-ce qu'il s'y accoutumera ? Prenant conscience de sa condition antérieure, ce n'est qu'en surmontant ses propres peurs qu'il retournera auprès de ses semblables. Mais ceux-ci, incapables d'imaginer ce qui lui est arrivé, refuseront de croire la vérité : " Ne le tueront-ils pas ? ". La collectivité définit la loi du tout ou rien. VOLTAIRE soutenant que les malheurs particuliers sont un mal nécessaire pour faire apparaître le bien general. Avant la seconde guerre mondiale, l’Etat plaçait comme devoir civique la perpétuation de la Race Française afin d’éviter des unions interraciales qui déliteraient toute la nation. La morale collective donne corps à une conception instantanée et parcellaire d'un tout et cela, indépendamment des faits. Aujourd'hui, le Comité consultatif national d'éthique s’enquière de savoir si le couple homoparental devrait agrandir le model familial par la procréation assistée. La société est prise dans un étau législatif entre tout permettre à des partenaires qui par le passé n'avaient aucune qualité ou bien alors, ne pas transiger avec les lois de la nature. Demain, le législateur devra définir si la mère biologique reste la propriétaire de son uterus ou bien si elle n'est que l'hôte temporaire réalisant la délivrance ( Hôpital COCHIN¹). Il naît de l'inacceptable vérité sur la loi du tout ou rien, une tension qui abreuve les individus, les bouscules dans le confort illusoire de leurs habitudes.

La loi du tout ou rien renvoie à ce que nous sommes en mesure d'accepter de ce qu'il advient. Nous l'a jugeons en-deçà des limites que nous sommes prêt à comprendre. La loi du tout en rien nous interroge ainsi surtout sur nous-meme.